MUSIQUE I SENEGAL I RAP I STREAMING
Le streaming est aujourd’hui dans le vocabulaire de tous les acteurs de la musique sénégalaise. Véritable phénomène au Sénégal, le streaming a révolutionné le rap sénégalais en particulier. Confrontés à la piraterie et à la chute des ventes d’albums physiques, les rappeurs sénégalais ont trouvé une nouvelle alternative à savoir le Stream.
Mais qu’est-ce que le Streaming ? Quelle est sa part de marché au Sénégal ? A-t-il vraiment un impact sur la productivité des rappeurs et sur l’industrie musicale sénégalaise ? Le streaming suscite une flopée de questions. Pour y répondre, nous avons fait appel à Idrissa Fall (@Sir_Fall) , Digital Manager et Mamadou Mactar Diallo (@Mahtarus) , Planeur Stratégique. .
Asamaan : C’est quoi le streaming, à quel moment peut-on parler de streaming ?
En définition simple, le streaming est la technologie qui permet de regarder des vidéos ou d’écouter de la musique sur Internet, sans avoir à télécharger de fichiers.
Avant, pour écouter des albums, il fallait acheter des K7 ou CD. Aujourd’hui. Il suffit d’aller sur des plateformes comme Deedo, Spotify, Apple Music, Audiomack ou Deezer.
Pareil pour les films ou séries. Les consommateurs ne sont plus obligés d’acheter ou de louer des DVD ou CD. Il leur suffit d’avoir un abonnement Netflix, Amazon prime ou Wido suivant le type de contenus qu’ils souhaitent regarder.
Il faut aussi noter que le streaming s’est développé vers les années 2000 avec l’apparition de plateformes comme YouTube.
Tous les artistes sont-ils éligibles pour le streaming ? Sinon quelles conditions doivent-ils remplir ?
Oui ! Tous les artistes y sont éligibles. Il faut d’abord avoir une production originale : un single ou projet. Ensuite, il faut trouver un distributeur. Vous avez deux options :
Distribuer vous-même votre musique en passant par les agrégateurs qui sont des plateformes payantes qui permettent de distribuer votre musique sur des centaines de plateformes de streaming. On a l’exemple de Tunecore, Distrokid, Deedo distribution…
Dans ce premier cas, tous les revenus générés reviennent à 100% au producteur, sauf qu’il y a un abonnement annuel d’environ 10€ pour un single et 30€ pour un projet, à payer à la plateforme.
L’autre option est de signer un contrat de distribution avec des entreprises comme Believe (Samba Peuzzi, Canabasse), The Orchard (Dip Doundou Guiss), Afrikori (Elzo Jamdong) ou encore Deedo distribution. Dans ce dernier cas, il n’y a pas d’abonnement à payer. En revanche, il existe un système de revenu sharing qui est mis en place. Il peut être de l’ordre de 70/30 ( 70% pour l’artiste, 30% pour le distributeur ), 80/20… Tout va dépendre du business modèle que la plateforme applique en fonction des artistes signés.
Pour le cas du Sénégal, on remarque le plus souvent le premier cas de figure. Ce sont les artistes et leur entourage qui se chargent de la distribution de leurs produits. La plateforme la plus populaire au Sénégal est Tunecore.
Quelle est la part du streaming dans le marché rap sénégalais ?
Le modèle économique de la plupart des rappeurs sénégalais est essentiellement basé sur la scène ! C’est-à-dire les revenus issus de leurs prestations lors des concerts, showcases, journées culturelles, festivals etc. Certains d’entre eux comme Dip Doundou Guiss, Elzo Jamdong, Akhlou brick, Canabasse, Samba Peuzzi, ou encore AkatSuki arrivent à nouer des partenariats de sponsoring avec des marques. D’autres également comme One Lyrical arrivent à faire du merchandising en créant et commercialisant leurs propres produits dérivés de leur activité. On se rappelle également de la marque 99 de Simon. Cela leur permet de varier leurs sources de revenus.
Le streaming devient dès lors une nouvelle source de revenus pour eux. Ceux qui ont de vraies stratégies et une bonne présence sur ces plateformes parviennent à générer des revenus assez conséquents et de manière régulière. C’est encore timide certes mais pas à négliger. C’est pas encore au point de devenir la première source de revenus des rappeurs sénégalais. Sur notre marché, il faut pour cela une meilleure pénétration des plateformes auprès des auditeurs. Plus il y’à d’utilisateurs actifs ayant un compte premium et écoutant leurs rappeurs sur ces plateformes, plus les sources de revenus seront conséquents.
Par ailleurs, il existe une autre source de revenus assez négligée sur le digital : les Ring Back Tones (RBTs). Les sonneries téléphoniques et tonalités d’attente personnalisées sont également des sources de revenus musicaux digitaux pour beaucoup de pays comme le Kenya et le Nigéria. Au Sénégal, ce système est presque méconnu par les rappeurs.
Quel impact a le streaming sur la vente des albums rap au Sénégal ?
Là où l’impact financier du streaming peut être faible, son impact en termes de notoriété est quand même réel. Le streaming a permis aujourd’hui à certains rappeurs sénégalais de se faire connaître davantage dans la sous-région et à l’international. Aussi, tout le monde sait que les albums physiques ne se vendent aujourd’hui que très peu et que les modes de consommation de la musique ont connu une transformation générale avec l’arrivée du digital ( streaming, e-commerce, social commerce ). Ici le cas de la France.

Ainsi, lors d’une sortie de projet, il faut donc réussir à agréger tous ces voies et moyens pour augmenter ses revenus. Vendre dans les stores physiques son album, et gagner de la visibilité via la distribution sur les plateformes et le streaming vidéo sur Youtube. Créer cette relation de complémentarité ne sera que bénéfique pour votre projet.
Quelle est la rétribution pour les artistes ?
Les rappeurs sénégalais sont maintenant très présents sur les plateformes de streaming mais très peu arrivent à générer des revenus conséquents. C’est encore très timide car le public sénégalais n’a pas encore totalement adopté les plateformes de streaming alors qu’il faut un grand volume d’écoutes pour générer de l’argent.
Les auditeurs sont sur des plateformes comme YouTube et Audiomack qui ont un système de rémunération moins intéressant pour les artistes comparé à des plateformes comme Tidal, Apple Music ou Deezer. Mais aussi avec des abonnements non payants ( freemium) ce qui génère encore moins de revenus. Il faut aussi noter que les revenus générés par les artistes sénégalais via le streaming sont drivés dans leur grande majorité par la diaspora sénégalaise présente en France, aux USA, en Italie, en Espagne, etc. D’où l’importance absolue d’avoir une stratégie de vente de son projet auprès de cette cible.
Il faudrait qu’ils communiquent dessus. Qu’ils mettent sur pied des stratégies de promotion. Beaucoup d’artistes pensent que dès qu’ils distribuent leur musique sur les plateformes, l’objectif est atteint. Alors que le travail ne vient que commencer.
Il faudrait qu’ils commencent à livrer leurs projets aux plateformes de streaming à temps. Soit 3 semaines avant la date de sortie pour assurer une disponibilité du produit sur toutes les plateformes de streaming en même temps. Le délai de livraison pour diffuser une sortie varie d’une plateforme à une autre.
Ci-dessous les délais approximatifs nécessaire pour plateformes principales :
- iTunes/Apple Music : 24 à 48 heures
- Amazon Music: 1 à 3 jours ouvrables
- Deezer, iHeartRadio : 3 à 7 jours ouvrables
- Amazon On Demand : 6 à 8 semaines
- Spotify : 5 jours ouvrables
La programmation de la sortie permet aussi de pouvoir corriger certaines erreurs ( non-conformité de la cover, mauvaise disposition des noms des artistes, erreur sur les métadonnées…) lors de la distribution mais surtout d’avoir la chance de pouvoir être playlisté. Les plateformes de streaming disposent de curateurs de playlists qui sont des personnes chargées de créer des playlists thématiques encore appelées playlist éditoriale. En termes plus facile, c’est la version digitale des compilations physiques.
Il faut savoir qu’une playlist peut avoir un gros impact sur le nombre de streams d’un son en le faisant découvrir à plus de personnes et surtout d’augmenter considérablement le nombre d’auditeurs et le nombre de streams d’un titre. Certaines de ces playlists enregistrent des milliers ou des millions d’abonnés. Figurer dans une playlist permet ainsi de hisser facilement son nombre d’écoutes et de capter une nouvelle audience, d’autres nationalités.
Quel est l’avenir du streaming au Sénégal ?
Le streaming a beaucoup d’avenir au Sénégal. Il serait difficile de donner un chiffre exact sur la taille du marché, car il n’ y a à ce jour aucune étude ou baromètre connus sur ce domaine dans ce pays. Mais 98,76% des 15 154 400 lignes qui composent le parc global de lignes internet au Sénégal sont composées de lignes mobiles. Ces chiffres sur l’usage d’internet devant une génération très jeune et ultra connectée donne beaucoup d’espoir à l’usage positif du streaming dans le futur.
Le potentiel du digital est énorme dans le pays, mais il faut également que les opérateurs télécoms jouent le jeu et diminuent le coût de la data. La data est le premier frein à l’usage du streaming au Sénégal. Il est plus que nécessaire que les acteurs politiques et culturels s’organisent et trouvent des moyens de collaboration avec les opérateurs télécoms pour que la data, le mobile money, le haut débit, la 4G servent les artistes en boostant le streaming. Il y a un rapport win win qui peut être créé.
Des exemples existent déjà dans les pays proches avec Orange Côte d’ivoire qui collabore avec Universal Music africa pour le service de streaming local Waw Muzik. En Tunisie, Orange collabore également avec la plateforme Anghami numéro 1 dans le monde arabe. MTN a également racheté en 2018 Simfy Africa qui est devenu Music Time et Safaricom a conçu son service de streaming du nom de Songa Music.
Donc des collaborations win-win peuvent se faire pour d’une part réduire le coût de la data pour l’utilisateur final et d’autre part augmenter le CA des opérateurs via leurs services à valeur ajoutée. Il y’ a même un cercle d’affaires qui peut se créer entre les artistes, les marques de téléphonie et les opérateurs mobiles. En guise d’exemple, Transsion maison mère des smartphones Techno, Itel et Infinix pré installe l’application de streaming Boomplay sur ses smartphones.
En résumé, le streaming va prendre pour beaucoup d’artistes! C’est déjà le cas pour certains. Il faut davantage faire de la pédagogie pour éduquer les auditeurs à streamer sur les plateformes légales. Mais également, chercher des moyens de co-construire de réelles relations de travail avec les acteurs comme la Sodav, les labels de production, les autorités culturelles, les opérateurs télécoms et les artistes.
Ainsi, lors d’une sortie de projet, il faut donc réussir à agréger tous ces voies et moyens pour augmenter ses revenus. Vendre dans les stores physiques son album, et gagner de la visibilité via la distribution sur les plateformes et le streaming vidéo sur Youtube. Créer cette relation de complémentarité ne sera que bénéfique pour votre projet.
Quelle est la rétribution pour les artistes ?
Les rappeurs sénégalais sont maintenant très présents sur les plateformes de streaming mais très peu arrivent à générer des revenus conséquents. C’est encore très timide car le public sénégalais n’a pas encore totalement adopté les plateformes de streaming alors qu’il faut un grand volume d’écoutes pour générer de l’argent.
Les auditeurs sont sur des plateformes comme YouTube et Audiomack qui ont un système de rémunération moins intéressant pour les artistes comparé à des plateformes comme Tidal, Apple Music ou Deezer. Mais aussi avec des abonnements non payants ( freemium) ce qui génère encore moins de revenus. Il faut aussi noter que les revenus générés par les artistes sénégalais via le streaming sont drivés dans leur grande majorité par la diaspora sénégalaise présente en France, aux USA, en Italie, en Espagne, etc. D’où l’importance absolue d’avoir une stratégie de vente de son projet auprès de cette cible.
Il faudrait qu’ils communiquent dessus. Qu’ils mettent sur pied des stratégies de promotion. Beaucoup d’artistes pensent que dès qu’ils distribuent leur musique sur les plateformes, l’objectif est atteint. Alors que le travail ne vient que commencer.
Il faudrait qu’ils commencent à livrer leurs projets aux plateformes de streaming à temps. Soit 3 semaines avant la date de sortie pour assurer une disponibilité du produit sur toutes les plateformes de streaming en même temps. Le délai de livraison pour diffuser une sortie varie d’une plateforme à une autre.
Ci-dessous les délais approximatifs nécessaire pour plateformes principales :
- iTunes/Apple Music : 24 à 48 heures
- Amazon Music: 1 à 3 jours ouvrables
- Deezer, iHeartRadio : 3 à 7 jours ouvrables
- Amazon On Demand : 6 à 8 semaines
- Spotify : 5 jours ouvrables
La programmation de la sortie permet aussi de pouvoir corriger certaines erreurs ( non-conformité de la cover, mauvaise disposition des noms des artistes, erreur sur les métadonnées…) lors de la distribution mais surtout d’avoir la chance de pouvoir être playlisté. Les plateformes de streaming disposent de curateurs de playlists qui sont des personnes chargées de créer des playlists thématiques encore appelées playlist éditoriale. En termes plus facile, c’est la version digitale des compilations physiques.
Il faut savoir qu’une playlist peut avoir un gros impact sur le nombre de streams d’un son en le faisant découvrir à plus de personnes et surtout d’augmenter considérablement le nombre d’auditeurs et le nombre de streams d’un titre. Certaines de ces playlists enregistrent des milliers ou des millions d’abonnés. Figurer dans une playlist permet ainsi de hisser facilement son nombre d’écoutes et de capter une nouvelle audience, d’autres nationalités.
Quel est l’avenir du streaming au Sénégal ?
Le streaming a beaucoup d’avenir au Sénégal. Il serait difficile de donner un chiffre exact sur la taille du marché, car il n’ y a à ce jour aucune étude ou baromètre connus sur ce domaine dans ce pays. Mais 98,76% des 15 154 400 lignes qui composent le parc global de lignes internet au Sénégal sont composées de lignes mobiles. Ces chiffres sur l’usage d’internet devant une génération très jeune et ultra connectée donne beaucoup d’espoir à l’usage positif du streaming dans le futur.
Le potentiel du digital est énorme dans le pays, mais il faut également que les opérateurs télécoms jouent le jeu et diminuent le coût de la data. La data est le premier frein à l’usage du streaming au Sénégal. Il est plus que nécessaire que les acteurs politiques et culturels s’organisent et trouvent des moyens de collaboration avec les opérateurs télécoms pour que la data, le mobile money, le haut débit, la 4G servent les artistes en boostant le streaming. Il y a un rapport win win qui peut être créé.
Des exemples existent déjà dans les pays proches avec Orange Côte d’ivoire qui collabore avec Universal Music africa pour le service de streaming local Waw Muzik. En Tunisie, Orange collabore également avec la plateforme Anghami numéro 1 dans le monde arabe. MTN a également racheté en 2018 Simfy Africa qui est devenu Music Time et Safaricom a conçu son service de streaming du nom de Songa Music.
Donc des collaborations win-win peuvent se faire pour d’une part réduire le coût de la data pour l’utilisateur final et d’autre part augmenter le CA des opérateurs via leurs services à valeur ajoutée. Il y’ a même un cercle d’affaires qui peut se créer entre les artistes, les marques de téléphonie et les opérateurs mobiles. En guise d’exemple, Transsion maison mère des smartphones Techno, Itel et Infinix pré installe l’application de streaming Boomplay sur ses smartphones.
En résumé, le streaming va prendre pour beaucoup d’artistes! C’est déjà le cas pour certains. Il faut davantage faire de la pédagogie pour éduquer les auditeurs à streamer sur les plateformes légales. Mais également, chercher des moyens de co-construire de réelles relations de travail avec les acteurs comme la Sodav, les labels de production, les autorités culturelles, les opérateurs télécoms et les artistes.
