Nfusa, le second album du rappeur Himra a séduit les fans dès sa sortie. Applaudissant le spectacle musical d’un artiste qui ne cesse de surprendre l’auditoire ivoirien et international. Mais que vaut réellement cet opus ?
Depuis « S-kelly » nombreux sont les auditeurs à avoir été conquit par la puissante énergie avec laquelle le rappeur valse sur ses morceaux. Entre trap, rap, coupé décalé et influence U.S. la force d’Himra est de laisser parler sa folie à travers un genre qui s’émancipe de plus en plus des autres pays d’Afrique : le rap ivoire. HIMRA LE NOUCHI LE PLUS AMERICAIN DE LA COTE D’IVOIRE
Himra a toujours su [s’] inventé, en gros le gars arrive à garder sa casquette de rappeur tout en proposant quelque chose de nouveau. Une extension de lui-même peu ou jamais testée. C’est le cas par exemple sur le single « Faut pas cacher« en featuring avec le rappeur français Fababy. Ce titre sort du lot notamment grâce à un registre peu exploité par La machette. On le retrouve ici en tant que chanteur dans une ambiance plus sensuelle et plus suave qu’à son habitude. « Faut pas te fâcher » est l’une des surprises de ce projet, mais le résultat musical du titre dénonce malheureusement le manque de travail fourni par le rappeur. Même face à un Fababy dont le niveau reste acceptable Himra n’a pas su faire la différence et tirer l’essence de cette pépite sous-évaluer. Néanmoins, le titre démontre un point intéressant sur les capacités du jeune homme: l’artiste est aussi à l’aise sur de la trap que sur une production plus calme en mode real lover. De plus, les paroles de cette chanson sont très loin des lyrics crues qu’il tient la plupart du temps et ça fait du bien et ne peut qu’être positivement perçus de ses fans féminines et des âmes plus sensibles. Dans la même veine, on retrouve aussi « Décalé shaku » qui en janvier dernier a bénéficié d’un clip.
Un autre son qui sort du lot est « Scionner » sur lequel il partage l’affiche avec les artistes d’Overcom Ayanne et Rileey Bob. Le son surf sur une ambiance reggae et tient le même thème que « Faut pas facher » (il est ici aussi question d’amour). Et si vous connaissez un peu la discographie d’Ayanne et Rileey Bob vous ne pouvez qu’affirmer que les deux artistes ont eu une influence artistique positive sur ce son. On comprend alors l’intention de l’artiste de les introduirent tous deux sur l’opus.
NOTRE TOP 3 :
L’INTRO NFUSA : Dès le commencement, nous annonce la couleur. Ici, il n’est plus question de l’atmosphère lourde et agressive de Brutal ( album en collaboration avec J-haine ) et de ses anciennes mixtapes. Il y a beaucoup plus de recherche, une identité qui cherche à s’extirper d’un précédent projet et à marque son territoire.
Look at : En octobre 2019 Himra dévoilait le premier single et banger issu de l’opus Look at rapper avec humour et insolence en français, anglais et blindé d’argots nouchi. Un mix qui montre clairement l’ingéniosité créative du rappeur et représente avec brio l’influence rap us qui fuse dans sa musique. Look at, c’est le titre qui reflète le mieux la discographie d’Himra, sa personnalité. Look at, c’est la signature d’un ingénieur. C’est le Docteur Emmett Brown aka Doc dans la trilogie Retour vers le futur un esprit sans cesse pris d’innovation en constante création. Le gars est fou et ce n’est pas son principal problème. Il est là pour créer, c’est ce qui l’anime. Himra c’est pareil. Ses sons montrent l’esprit bouillonnant d’un artiste épris de sa musique.
Gang : on le retrouve aux côtés d’autres valeurs montantes du rap 225 : Bmuxx Carter et Chinois l’apocalypse. Une collab trap puissante, un rock gang nouchi qui est le troisième extrait à avoir bénéficié d’un clip. Le fait de le retrouver sur ce son avec Bmuxx et Chinois étaient comme une évidence réunir ces trois styles ne pouvaient que donner un résultat à la hauteur des interrogations. Tant le trio se complète dans leur jeu.
LE MOT DE LA FIN :
Nfusa : n’est pas le plus gros projet de Himra, il n’est que l’acheminement créatif d’un artiste qui a encore beaucoup à apprendre, mais aussi beaucoup à montrer. Un artiste intéressant dans ses choix artistiques et dans sa manière de concevoir la musique. Et les consommateurs le savent : Himra à du talent, c’est un fait. À noté que l’album a totalisé plus de 10 000 écoutes en un jour sur la plateforme de streaming ivoirienne Katorz Music, preuve que sa musique intéresse les auditeurs. Mais Nfusa c’est aussi quelques incohérences face à certains sons qui malheureusement manquent d’ampleur, d’assaisonnement. Ce deuxième album méritait un plus gros travail pour avoir un produit complet et prêt. En reste loin d’un artiste qui exploite son potentiel à 100%. Il a tout de même réussi à allier rimes et techniques à une cadence variée. Il nous prouve qu’il peut faire du rap tout en étant pluridisciplinaire sur le choix de ses invités ou encore de ses prods.